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Si j'ai fait quelque chose d'original au théâtre c'est bien cette Célébration. Ne la méprisez pas et tâchez de retrouver l'ambiance qui eut lieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La pièce que vous allez lire (mais est-ce une pièce ?) a été donnée une nuit de 21 juin dans un grand parc privatif. Elle fut redonnée ensuite dans un château des environs de Paris.

 

La première page est un fac simile de l’édition de l’époque (vers 1982) tapé à la machine !

 

Je propose ce texte aux lecteurs qui seraient intéressés pour la représenter à leur guise (sans droit d’auteur…) Je serais seulement heureux d’en être prévenu.

 

Les quelques photos que j’ai pu retrouver montrent l’ambiance mystique dans laquelle doit baigner cette nuit. (Il suffit de cliquer dessus pour les voir en plein écran). Mais bien sûr l’élévation spirituelle des textes n’enlève rien à la sérieuse préparation technique nécessaire (préparation du feu (de St-Jean) – feux de bengale – nombreux comédiens – musiciens divers -  public! - nécessité de connaître les heures de la nuit pour bien s’adapter aux heures du crépuscule puis de l’aube).

C’est du VRAI théâtre ; mais réalisé dans les conditions particulières édictées dans la Préface qui suit.

 

Comme vous le verrez j’ai l’audace de mettre les astres en scène ! (le Soleil et la Lune) ! Cela veut seulement dire qu’il vaut mieux, dans l’idéal, que la Célébration ait lieu une nuit de Pleine Lune… !

 

Bernard Cousin

b_cousin@hotmail.com

 

 

 

 

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Capture-d-ecran-2011-11-26-a-22.02.22.png 

 

 

 
Préambule

 

 

 

Richard Wagner a dit qu’après l’orchestre caché de Bayreuth il aurait aimé inventer le théâtre invisible.

 

Désirant depuis plusieurs années faire du théâtre dans un cadre naturel, c’est-à-dire faire descendre le théâtre dans la Nature et non plus faire monter la Nature sur scène comme l’ont tant fait les romantiques, nous songeons depuis longtemps à faire vivre et revivre des cérémonies antiques où la foule jouerait un certain rôle puisqu’à partir du moment où on désire ressusciter ces rites morts, le sens du théâtre s’élargit à une célébration commune où il n’y a plus comédiens actifs et public passif-voyeur.

 

Il semble ainsi que nous réunissons et synthétisons les aspirations communes de beaucoup.

 

En outre les problèmes techniques du théâtre en plein air (ce dont il ne s’agit pas) se trouvent ainsi résolus car si le cadre doit être naturel l’éclairage doit l’être aussi.

 

Pour l’instant, dans le montage de textes ici présenté, la célébration se déroule du soir au matin.

Par la suite nous envisagions de faire la Célébration des saisons, du soleil, de la pluie, etc… véritables « Ragas » théâtraux et poétiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Je voudrais célébrer des fêtes solennelles 

- mais en l’honneur de qui ? –

et chanter dans des chœurs. »

 

Hölderlin

 

 

 

 

 

 

 

« Je sais le charme infini qu’exerce sur nos esprits saturés de l’horreur moderne, l’évocation des vieux rites antiques. »

 

Sâr Péladan

 

 

 

 

 

 

Dans une clairière, une prairie ou tout autre endroit pouvant convenir, un feu a été préparé. Le public est placé autour de ce feu.


 

Parmi ce public il y a un comédien qui parlera au nom des spectateurs et qui représente « l’initiable ».

Le comédien s’avance et dit :

 F1000005

«  Et maintenant, pour commencer cette cérémonie, que les sons ailés de la musique aérienne, attirent à nous les esprits de la Terre, de l’eau, de l’azur et du feu. »

 

- Ici petit concert champêtre approprié -

 

 

Alors que la nuit commence à tomber trois ou quatre comédiens vêtus de robes amples arrivent du fond des bois avec un flambeau, ils représentent les prêtres (et les prêtresses) de la cérémonie.

 

F1000012
 

Une fois arrivés près du foyer le texte suivant doit être dit :

 

 

 

 

 

 

(inspiré de la 24è Ballade de GOETHE)Goethe

 

Un prêtre :

Juin nous sourit !

La forêt est libre de glace

et le givre ne pend plus aux branches

La neige a disparu ;

En ce lieu verdoyant

Retentissent des chants joyeux.

Hâtons nous d’accomplir le rite antique et sacré

Pour glorifier le Père de toutes choses !

Qu’à travers la fumée brille la flamme !

Ainsi nos cœurs s’élèveront.

 

L’initiable :

Pouvez-vous agir si témérairement ?

Voulez-vous donc aller vers la mort ?

Ne connaissez-vous pas les lois

De nos durs vainqueurs ?

Aux alentours sont disposés leurs filets

Pour nous prendre, nous, les païens, les pécheurs.

 

Un prêtre :

Quiconque aujourd’hui

Craint d’offrir des sacrifices

Aura mérité ses liens.

La forêt est libre

Disposez-vous à mettre le feu.

 

(Ici les comédiens avec leurs flambeaux entourent le feu.)

 

F1000001

 

Nous resterons, nous, en silence, Hommes de garde,

Pour vous tranquiliser,

Mais vous, accomplissez votre devoir

Avec un courage intrépide.

 

Un autre prêtre :

Nous en sommes réduits à chanter,

Pendant la nuit, en secret, le Père de toutes choses !

Mais la nuit vaut le jour si nous pouvons

T’offrir un cœur pur.

 

(On allume le feu – silence –)

 

Un prêtre :F1000008

La flamme jaillit pure de toute fumée ;

Purifie de même notre croyance !

Et si on nous ravit nos antiques rites,

Ta lumière, qui peut la ravir ?

 

(Tous les prêtres ensemble et l’initiable)

 

Ta lumière qui peut la ravir ?

 

(D’après Edouard SCHURE)Capture-d-ecran-2011-11-26-a-20.25.01.png

 

La nuit doit être tombée. La pleine Lune doit briller.

 

Un prêtre : (au public)

Salut à vous tous qui êtes venus pour renaître après les douleurs de la terre. Venez boire la lumière du temple, vous qui sortez de la nuit.

Venez vous réjouir vous qui avez souffert ;

Venez vous reposer, vous qui avez lutté. La lumière que j’évoque sur vos têtes et qui va briller dans vos âmes n’est pas le soleil des mortels ; c’est la pure lumière de Dionysos, le grand soleil des initiés.

Par vos souffrances passées, par l’effort qui vous amène, vous vaincrez, car après le long circuit des existences ténébreuses, vous sortirez enfin du cercle douloureux des générations, et tous vous vous retrouverez comme un seul corps, comme une seule âme dans la lumière de Dionysos.

 

Un prêtre :

La parcelle divine qui nous guide sur terre est en nous, elle devient flambeau dans le temple, étoile dans le ciel.

 

(Ici on peut jouer de la musique : harpe, flûte ou petit orgue positif.)

 

Ainsi grandit la lumière de la Vérité ! Ecouter vibrer la Lyre aux sept cordes, la Lyre de Dieu… Elle fait mouvoir les mondes et s’ouvrir les profondeurs des cieux !

 

(concert)

F1000010

 

 

 
 

 

Une prêtresse :

Et maintenant que Dyonisos a lui sur vous, j’évoque Eros, céleste et tout puissant. Qu’il soit dans vos amours, dans vos pleurs, dans vos joies. Aimez ; car tout aime, les Démons de l’abîme et les Dieux de l’Ether. Aimez ; car tout aime. Mais aimez la lumière et non les ténèbres. Souvenez vous du but pendant le voyage : quand avoir descendu l’échelle des règnes, ont glorieusement remonté les cycles pour sortir enfin du cercle des générations.

les âmes retournent dans la lumière, elles portent, comme des taches hideuses sur leur corps sidéral, toutes les fautes de leur vie… Et pour les effacer, il faut qu’elles expient et qu’elles reviennent sur terre… Mais les purs, mais les forts s’en vont dans le soleil de Dionysos.

 

(Arrive ORPHEE, solennel, rayonnant et respecté, avec un flambeau..)

 

 

Un prêtre :

Dans les bois profonds et tranquilles, ô respectable Orphée, par l’harmonie singulière de ton merveilleux instrument, éveille en nous la vise secrète des forêts et les esprits cachés au fond des arbres.

 

Orphée : (s’adressant à l’initié)

Tu as bu aux sources de la lumière sainte, tu es entré d’un cœur pur dans le sein des mystères. L’heure solennelle est venue où je vais te faire pénétrer jusqu’aux sources de la vie et de la lumière.

(Il donne son flambeau à l’initié.)

 

 

F1000007

Ceux qui n’ont pas soulevé le voile épais qui recouvre aux yeux des Hommes les merveilles invisibles ne sont pas devenus fils des Dieux.

Ecoute donc les vérités qu’il faut taire à la foule et qui font la force des sanctuaires :

 

Un prêtre : Dieu est Un et toujours semblable à lui-même.

 

Orphée :

Mais les Dieux sont innombrables et divers ; car la divinité est éternelle et infinie. Les plus grands sont les âmes des astres. Soleils, étoiles, terres et lunes, chaque astre a la sienne et toutes sont issues du feu céleste de Zeus et de la lumière primitive, elles régissent le grand tout de leur mouvement régulier.

 

(A un des points cardinaux )Capture-d-ecran-2011-11-26-a-21.26.17.png

 

Or, chaque astre roulant entraîne dans sa sphère des phalanges de demi-dieux ou d’âmes rayonnantes qui furent jadis des Hommes, et qui, après avoir descendu l'échelle des règnes, ont glorieusement remonté les cycles pour sortir enfin du cercle des générations.

 

(A un autre point cardinal)

 

C’est par ces divins esprits que Dieu respire, agit, apparaît ; ils sont le souffle de son âme vivante, les rayons de sa conscience éternelle. Ils commandent aux armées des esprits inférieurs qui évertuent les éléments ; ils dirigent les mondes. De loin, de près, ils nous environnent, et quoique d’essence immortelle ils revêtent des formes toujours changeantes, selon les peuples, les temps et les régions.

 

(au troisième point cardinal ) :

 

L’impie qui les nie les redoute ; l’Homme pieux les adore sans les connaître ; l’initié les connaît, les attire et les voit.

 

(au dernier point cardinal où Orphée ne s’est pas encore placé ) :

 

Si j’ai lutté pour les trouver, si j’ai bravé la mort, si, comme l’on dit, je suis descendu aux enfers, ce fut pour dompter les démons de l’abîme, pour appeler les dieux d’en haut sur ma Grèce bien aimée…

 

(Ici on peut à nouveau jouer de la musique, en fond.)

 

… pour que le ciel profond se marie à la terre et que la terre charmée écoute les voix divines. La beauté céleste s’incarnera dans la chair des femmes et des hommes, le feu de Zeus circulera dans le sang des héros ; et bien avant que de remonter aux astres, les fils des Dieux resplendiront comme les Immortels.

 

Un prêtre :

Sais-tu ce qu’est la Lyre d’Orphée ? Le son des temples inspirés. Ils ont des Dieux pour cordes. A leur musique, la Grèce s’accordera comme une lyre et le marbre lui-même chantera en cadences brillantes, en célestes harmonies.

 

Orphée (toujours à l’initié) :

Et maintenant j’évoquerai MES Dieux, afin qu’ils t’apparaissent vivants et qu’ils te montrent, dans une vision prophétique, le mystique hyménée que je prépare au monde et que verront les initiés.

 

(On place l’initié devant un promontoire ou une petite scène, dos au public.)

 

Un prêtre :

Ne crains rien. Un sommeil magique va fermer tes paupières, tu trembleras d’abord et tu verras des choses terribles ; mais ensuite, une lumière délicieuse, une félicité inconnue inondera tes sens et ton être.

Joint ta lumière aux nôtres.

 

(L’initié fiche en terre son flambeau à-côté de ceux des prêtres formant ainsi une sorte de rampe naturelle de feu derrière laquelle vont apparaître les personnages. Une fois ceci fait les prêtres sortent pour se préparer à rentrer en « ombres » avec un grand voile noir sur la tête.)

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(Orphée gagne l’autre extrémité du feu et toujours face à la scène étend les mains en un signe d’invocation :)

 

Orphée :

Cybèle ! Cybèle ! Grande Mère, entends-moi ! Lumière originelle, flamme agile, éthérée et toujours bondissante à travers les espaces, qui renfermes les échos et les images de toutes choses ! J’appelle tes coursiers fulgurants de lumière. Oh ! âme universelle, couveuse des abîmes, semeuse de soleils, qui laisses traîner dans l’éther ton manteau étoilé…

 

(A partir d’ici Orphée peut jeter dans le feu de l’encens, des aromates et de la poudre de magnésium, de bengale ou de lycopode.)

 

… lumière subtile, cachée, invisible aux yeux de chair ; grande mère des Mondes et des Dieux, toi qui renfermes les types éternels ! Antique Cybèle, à moi ! à moi ! Par mon sceptre magique, par mon pacte avec les puissances, par l’Ame d’Eurydice !…

 

(Ici sur scène, derrière les flambeaux on allume des feux de bengale

et des fumigènes : dans la fumée apparaît une grande figure de femme qui peut être assise sur un trône. Elle est vêtue d’une robe violette, d’une étole noire et d’un pectoral doré. Si on a des gongs ils peuvent retentir à ce moment là, les prêtres voilés l’encadrent.)

 

Orphée continuant : …

Je t’évoque, Epouse multiforme ; docile et vibrante sous le feu du Mâle éternel. Du plus haut des espaces, du plus profond des gouffres, de toute parts, arrive, afflue, enveloppe de lieu de tes effluves. Environne les fils des Mystères d’un rempart de diamant et fais lui voir dans ton sein profond les Esprits de l’Abîme, de la Terre et des Cieux.

 

Les prêtres voilés : (sur un rythme de mélopée lancinante et déclamatoire – dialogué - ) :

  Reine des morts – âme de la terre –O Perséphone ! Nous sommes filles du ciel – Pourquoi sommes-nous en exil dans le sombre royaume ? – O moissonneuse du ciel, pourquoi as-tu cueilli nos âmes qui volaient bienheureuses, jadis, dans la lumière – parmi leurs sœurs  - dans les champs de l’éther ?

 

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Perséphone : 

 

Quel appel

inconnu, quels charmes

Rompent la paix de mon tombeau ?

Qui afflige mon âme inquiète,

m’arrache à l’empire des morts ?

Depuis longtemps mes os subissent

Neige l’hiver, soleil l’été,

Rosée et averses qui trempent.

Laissez-moi, laissez-moi dormir !

Qui êtes-vous, ô voix maudites

Qui venez me tirer du repos ?

Malgré moi, mes lèvres se ferment,

Laissez-moi, laissez-moi dormir !

 

Les prêtres voilés :

 

Ah ! Quand serons-nous délivrés ?

 

Perséphone :

J’ai cueilli le narcisse, je suis entré dans le lit nuptial. J’ai bu la mort avec la vie. Comme vous je gémis dans les ténèbres.

 

Les prêtres voilés :

 

Ah ! Quand serons-nous délivrés ?

 

Perséphone :

Quand viendra mon époux céleste, le divin libérateur.

 

(Apparaissent alors une ou plusieurs femmes à l’aspect terrible.)

 

Ames, spectres, larves, n’en croyez pas la reine insensée des morts. Nous sommes (ou je suis) les prêtresses de la vie ténébreuse, servantes des éléments et des monstres d’en bas. Bacchantes sur terre, furies au Tartare. C’est nous qui sommes vos reines éternelles, âmes infortunées. Vous ne sortirez pas du cercle maudit des générations, nous vous y ferons rentrer avec nos fouets. Tordez-vous à jamais entre les anneaux sifflants de nos serpents, dans les nœuds du désir, de la haine et du remord.

 

Perséphone (chancelante de doute) :

 

Le ciel… La lumière… Les Dieux… Ne seraient-ils qu’un rêve ?!…

 

(- musique, gongs, harpes etc… au choix – Dyonisos, beau jeune homme vêtu de blanc, (ou nu) arrive et l’éveille d’un baiser – L’initié se prosterne la face contre terre. -)

 

 
Perséphone :

 

 

O Dionysos, Esprit divin, Verbe de Jupiter, Lumière céleste qui resplendit sous la forme de l’Homme ! Capture d’écran 2011-11-27 à 08.11.09Chaque fois que tu me réveilles, je crois vivre pour la  première fois ; les mondes renaissent dans mon ressouvenir ; le passé, le futur redeviennent l’immortel présent ; et je sens dans mon cœur rayonner l’univers !

(Ils disparaissent tous lentement)

 

Orphée à l’initié toujours prosterné :

Enfant de Delphes, as-tu vu ?

 

L’initié :

O Maître des initiés, céleste enchanteur, merveilleux Orphée, j’ai fait un songe divin. Serait-ce un charme de la magie, un don des Dieux ? Qu’est-il donc arrivé Le monde est-il changé ? Où suis-je ?

 

Orphée :

Te voilà ressuscité ; viens célébrer avec nous l’agape des initiés et raconte nous ton voyage dans la lumière d’Osiris. Car tu es désormais l’un des nôtres.

 

 

 

 

 

-Entracte en forme de banquet –

 

 

 

Sur une colline voisine, ou dans une clairière proche, à la pleine Lune, éclairés par des torches, le banquet est ouvert par l’invitation suivante :

 

Un prêtre :

Frères et Sœurs qui ornez les tables du Septentrion et du midi, de l’Orient et de l’Occident, je vous invite à vous délasser en de joyeuses agapes et boire à la santé de ceux qui, dispersés par le vaste monde, heureux ou malheureux, illustres ou ignorés, libres ou dans les fers, ou sous la lampe du philosophe, sont à la recherche de la Sagesse, de la Force et de la Beauté!

 

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C) HÖLDERLINCapture-d-ecran-2011-11-26-a-19.51.53.png

 

(Cette célébration doit avoir lieu quelques minutes avant que le ciel du matin ne commence à blanchir.)

 

L’initié seul :

Notre journée est trop étroitement bornée.

Naître, ouvrir les yeux ; s’étonner et déjà tombe le soir.

 

(On aperçoit dans la forêt voisine des feux de bengales bleus devant lesquels passent des ombres.)

 

L’initié toujours seul :

Nous nous endormons et des peuples sans nombre

Passent comme gravitent les étoiles. Quelques uns voient plus loin que leur temps, un dieu leur ouvre des perspectives lointaines (à lui-même) mais toi, tu demeures plein de nostalgie sur la rive, scandale pour les tiens, pareil à une Ombre qui ne les aimera jamais plus.

 

(Des feux de bengale blancs ou vert (ou des projecteurs en contre-jour) luisent dans la forêt d’où l’on voit sortir deux longues théories d’Hommes en cape rouge.)

 

L’initié (sans voir l’arrivée de ces Hommes – à lui-même - ) :

Et celle que tu évoques, dont tu annonces la venue, où est-elle, cette race nouvelle, dont l’étreinte amie te réchaufferait ? Est-elle en vue à l’horizon ?

Ton discours olitaire sera-t-il une fois entendus ?

 

(se croyant toujours seul alors que les Hommes en rouge approchent)

 

Aucun écho ne te répond, ô malheureux sous ces voûtes
Et comme les morts sans sépulcre, tu demeures,

Errant et instable, cherchant le repos sans que nul n’indique le chemin que tu dois suivre.

 

(Les Hommes en rouge chantant ou psalmodiant s’approchant ) :

 

Claires matinées, et vous, heures nocturnes, que de fois, quand il apercevait ton char triomphal et voyait le butin et les barbares chargés de chaînes d’or…

 

L’initié :

Prêtre de la paix

Chantez en l’honneur du peuple aimant et de son, génie

Des hymnes extasiées dans les bosquets du printemps !

 

Un Homme en rouge :

Sois content. L’arbre surgit du sol natal.

 

L’initié :

mais ses jeunes bras plein d’amour retombent et sa tête s’incline attristée.

 

Un Homme en rouge :

Tu as vécu !… toi aussi, tu es de ceux dont le soleil futur, illuminant le front et les rayons messagers d’un âge plus beau ont trouvé le chemin de ton cœur.

 

Un autre :

Tu as entendu, tu as compris le langage d’une race nouvelle,

Tu as su lire dans son âme. Pour ton cœur gonflé de désirs

Un signe a suffi ; et c’est par signes

Que de tout temps mes dieux nous ont parlé.

 

Un autre :

Et par miracle, comme si dès l’origine l’esprit de l’Homme

Connaissait d’avance les voies du devenir, l’action

Et les antiques errements de la vie,

Tu discernes au premier signe ce qui va s’accomplir

Et tu prends l’essor, esprit hardi, comme les aigles qui précèdent la tempête,

Volant à l’avant-garde des dieux qui vont venir.

 

 https://soundcloud.com/be-cous/ho-lderlin-2

 

E) VIRGILECapture-d-ecran-2011-11-26-a-19.53.39.png

 

(Ici chaque participant du public peut prendre la pose d’adoration qu’il désire, s’il le désire.)

 

(Apparaissent, dans leur costume traditionnel Dante et Virgile.)

(Les bras face à l’Orient où le jour grandit de plus en plus) :

 

Capture-d-ecran-2011-11-26-a-21.10.03.png

 

Virgile :

Voici que recommence le grand ordre des siècles.

Dante :

Déjà revient aussi la Vierge, revient le règne de Saturne.

Virgile :

Déjà une nouvelle race descend du haut des cieux.

(ils baissent les bras)

 

(dialogué) :

Cet enfant dont la naissance va clore l’âge de fer et ramener l’âge d’or dans le monde entier, protège-le seulement : déjà règne ton cher Apollon.

C’est sous ton consulat, que commencera ce siècle glorieux et que les grands mois prendront leur cours :

Sous tes auspices, les dernières traces de notre crime, s’il en reste encore, pour toujours effacées, affranchiront les terres d’une frayeur perpétuelle.

Cet enfant aura la vie des dieux ; il verra les héros mêlés aux dieux, ils le verront lui-même parmi eux ; et il gouvernera l’univers pacifié par les vertus de son père.

La terre, enfant, féconde sans culture, t’offrira pour prémices les lierres rampants et les troupeaux ne craindront plus les lions puissants.

De lui-même ton berceau se couvrira de fleurs caressantes ; plus de serpents, plus d’herbes au poison trompeur,

Dès que tu pourras lire et connaître la vertu on verra la campagne blondir peu à peu sous les moissons ondoyantes, la grape rougissante pendre aux buissons incultes et les chênes durs distiller une rosée de miel.

Cependant quelques vestiges de l’ancienne perversité subsisteront encore : qui pousseront les mortels à ceindre les villes de murailles ; il y aura alors d’autres guerres et aux rivages d’une nouvelle Troie on verra un nouvel Achille.

 

  (en chœur) :

Ah ! Filez de tels siècles !

 

(toujours dialogué) :

Monte aux honneurs suprêmes, ô fils chéri des dieux, rejeton puissant de Jupiter. Vois tressaillir de joie et le monde à la face convexe, et les terres, et l’immensité de la mer, et le ciel profond ; vois comme tout l’univers se réjouit dans l’attente de ce siècle.

 

L’initié :

Oh ! puisse une longue vie me conserver encore assez de jours et de souffle pour célébrer dignement ces hauts faits !

 

Dante :

O Virgile, divin poète, tes vers sont pour nous ce qu’est pour les voyageurs fatigués le sommeil sur le gazon, ce qu’est, pendant les chaleurs, le plaisir d’étancher sa soif au ruisseau jaillissant d’eau douce. Maître fortuné, tu seras un second Daphnis. Cependant nous allons à notre tour te chanter nos vers de notre mieux et porter ton cher Daphnis jusqu’aux astres, car Daphnis, ton Maître, nous a aimés aussi.

 

 

-          musique –

 

 

 

 

 

 

F) AKHENATONCapture-d-ecran-2011-11-26-a-19.54.55.png

 

(Tandis que le soleil se lève lentement)

 

Orphée :

L’aube est magnifique à l’horizon des cieux

O vivant Aton, source de vie !

Quand tu te lèves à l’orient céleste

Tu emplis toutes les terres de ta beauté ;

Car tu es beau, grand, lumineux, bien au-dessus de la terre ;

Tes rayons embrassent

Jusqu’aux confins de la création, les pays

Que tu as tous retenus captifs, O Ra ;

Car tous sont liés à toi par ton amour.
Bien que tu sois loin, tes rayons sont sur la terre,

Bien que tu sois très haut, ton empreinte constitue le jour.

 

bernard-theatre-03.jpg

 

 

Les hommes en rouge :

Quand tu reposes à l’occident, sous l’horizon,

La terre est dans une ombre

Semblable à celle de la mort,

Tout lion sort de sa tanière,

Et toute bête à venin se met à mordre.

Il fait noir…

La terre est dans le silence,

Celui qui a fait les êtres se repose dans son horizon.

A l’aube tu resplendis dans l’horizon,

Tu illumines, toi, le soleil ;

Dans le jour tu chasses le noir

Lorsque tu donnes tes rayons.

Les deux pays s’éveillent en fêtes

Les Hommes se lèvent sur leurs pieds,

A cause de toi.

Ils lavent leur corps, prennent leurs vêtements ;

Leurs bras s’ouvrent pour adorer ton lever,

La terre entière fait son ouvrage.

Tout bétail est heureux,

Les arbres et les plantes verdoient

Et les oiseaux s’envolent,

Tout ce qui vole et bat des ailes

Vit quand tu resplendis pour eux.

Les bateaux à l’envi montent et descendent le fleuve,

Ton chemin est ouvert parce que tu apparais.

Les poissons dans le fleuve sautent devant ta face ;

Tes rayons vont au fond de la mer.

 

Tu développes le germe dans les femmes

Et de la semence fais des Hommes,

Entretenant le fils dans le sein de sa mère.

Tu donnes à ce que tu crées le souffle qui l’anime.

Quand l’enfant sort du sein, le jour de sa naissance

Tu lui ouvres la bouche.

Combien multiples sont tes œuvres !

Elles sont voilées à nos yeux,

O toi, seul Dieu, dont nul autre ne possède les pouvoirs.

Tu as créé la terre selon ton désir,

Alors que tu étais seul ;

Les Hommes, tous les animaux petits et grands

Et tout ce qui est sur la terre

Ce qui va sur ses pieds,

Tout ce qui vole de ses ailes,

Les pays de Syrie et de Nubie,

La vallée d’Egypte.

Tu mets chaque homme à sa place

Tu pourvois à ses besoins.

Chacun a ses possessions et son temps de vivre.

Tous parlent des langues diverses,

Ils sont différents de forme et de peau

Car toi, le diviseur, tu as séparé les peuples

Tu as créé le Nil dans le monde inférieur

Tu le diriges à ton gré pour garder le peuple vivant.

 

 

   Virgile :

O Seigneur de tous, quand la faiblesse est en eux

Dante :

O Seigneur de chaque maison qui te lèves pour eux

Orphée :

O soleil du jour, crainte de tous pays lointains

 

(A nouveau dialogué entre les hommes en rouge )

 

Tu crées aussi la vie

Tu as mis un Nil dans les cieux

Pour qu’il puisse couler pour les Hommes

Formant des torrents sur les montagnes, comme la grande mer

Et arrosant leurs champs autour de leurs villes.

Les êtres de la terre se forment sous ta main

Comme tu les as voulus.

Tu resplendis, et ils vivent ;

Tu te couches et ils meurent.

Toi, tu es la durée de la vie par toi-même,

 

Tous :    On vit de toi !

 

L’initié :

Les yeux sont sur ta beauté jusqu’à ce que tu te couches

Et tout travail prend fin

Quand tu te couches à l’occident.

 

Orphée :

L’Aube est magnifique à l’horizon des cieux

O vivant Aton, source de vie !

 

 Capture-d-ecran-2011-11-26-a-21.46.45.png

 

Silence – Concert

 

 

Fin de la Célébration

 

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